SANITAIRE

Insectes : vecteurs de maladie bovine

25/04/2019

Source : Pleinchamp (FWA), paysan-breton.fr

Avec le beau temps, nombreux sont les insectes qui font leur réapparition. Ces derniers sont des vecteurs pathogènes à ne pas sous-estimer!
Outre la nuisance qu’il engendre, il cause des diminutions de production et des maladies.
Trois problématiques majeures peuvent être rencontrées à cause des insectes, principalement des mouches.

La fièvre catarrhale ovine appelée aussi “langue bleue”

On en a beaucoup durant ces dernières semaines. La maladie de la langue bleue provoque des animaux difformes à la naissance, de l’hyperthermie et une chute de production… « Et c’est une utopie de croire que les contaminations sont uniquement en extérieur. Des conditions d’ambiance en bâtiment peuvent faciliter la survie et le développement de ces insectes », précise Grégoire Kuntz, vétérinaire au GDS en Bretagne. En effet toute eau stagnante, même une petite flaque, est un réservoir où les moucherons viennent pondre. Les taons sont aussi suspectés d’être vecteurs de la langue bleue, d’ehrlichiose, mais ils restent des modes de contamination secondaires. Enfin, « on peut citer la besnoitiose, maladie parasitaire émergente, qui affecte les bovins », indique le vétérinaire. Il s’agit d’une maladie transmissible via des insectes piqueurs se nourrissant de sang, essentiellement les taons, ou des mouches piqueuses, ou bien via un vecteur passif comme une aiguille sur un animal contaminé. Au bout de plusieurs mois, la peau devient plissée et épaissie (« peau d’éléphant »). Les risques résident lors de l’achat d’animaux porteurs sains.

Le virus de sérotype 8 (BTV-8) de la fièvre catarrhale ovine (FCO) a été dépisté au sein d’un élevage bovin dans la province du Luxembourg. Suite à des prélèvements réalisés dans des exploitations situées dans un rayon de 5km du premier troupeau décelé, cinq autres se sont révélés positifs, ce qui confirme que le virus se propage. Rappelons que la maladie ne se propage pas de bovins à bovins mais bien par piqûre de culicoïdes (petites mouchettes).

Source : Nutrilor

La Belgique a donc déclaré les foyers auprès de la Commission européenne et a ainsi perdu son statut “indemne de fièvre catarrhale ovine et le pays est donc depuis le 28 mars 2019, en zone réglementée pour la FCO de sérotype 8. D’autres cas ont été décelés dans plusieurs départements français où des veaux devenaient aveugles, manquaient de vitalité à la naissance ou mouraient en quelques jours.
Il a été démontré que les veaux peuvent être infectés in utero.

Les autorités encouragent dès lors les éleveurs à vacciner leur troupeau en rappelant l’importance de la prévention vaccinale pour lutter contre cette maladie. Ces vaccins sont disponibles sur le marché belge en quantité modérée et de nouvelles livraisons sont prévues à court terme mais en quantités plus importantes. N’hésitez donc pas à vous renseignez auprès de votre vétérinaire.

L’achat du vaccin doit se faire via votre vétérinaire de référence via le circuit de distribution médicamenteuse classique.
L’administration de celui-ci doit se faire également via le vétérinaire ou par l’éleveur sous certaines conditions.
La vaccination est obligatoire pour tout les animaux exportés dans des zones indemnes.
Éleveur et vétérinaire doivent donc envisager le meilleur plan de vaccination à adopter ou non suivant chaque situation. La vaccination est cependant recommandée par l’AFSCA.

La kérato-conjonctivite infectieuse des bovins

La mouche d’automne appelée Musca autumnalis est porteuse du germe Moraxella bovis, vecteur de la kérato-conjonctivite infectieuse des bovins. La mouche transfère la bactérie d’un œil à un autre, sur plusieurs animaux. « Le premier symptôme visible est un petit point blanc sur la cornée, en général sur des animaux au pâturage, à la belle saison. La maladie n’est pas symétrique : les deux yeux ne sont pas forcément atteints en même temps », décrit Grégoire Kuntz, vétérinaire conseil à GDS Bretagne. Sans intervention, la propagation de la maladie peut être rapide. Il convient donc de surveiller régulièrement les animaux et particulièrement les lots de vaches taries, génisses ou de vaches allaitantes, lors des périodes à risque.

Musca autumnalis – Source : BugGuide.Net

Les mammites d’été

Il n’y a pas que les races laitières ou allaitantes qui sont touchées par les mammites! Les mouches transportent aussi des germes sur les mamelles (Streptococcus et Staphylococcus) dans des contextes particuliers, qui peuvent être à l’origine de mammites. « Une autre bactérie, peu fréquente, Arcanobacterium pyogenes, provoque des abcès dans la mamelle, avec un ou plusieurs quartiers condamnés », annonce le vétérinaire. Cette mammite sévère dite « d’été » survient généralement en juillet, août et septembre. L’infection est propagée par des mouches telles que Hydrotaea irritans qui se posent sur les trayons et transmettent le germe aux quartiers. Les plaies sur les quartiers ou les trayons constituent un facteur favorisant.

Hydrotaea irritans – Source : BioLib

Prendre soin des plaies

Toutes les plaies non entretenues sont des points d’entrée à de futures contaminations par des bactéries transmises par des mouches. L’écornage des adultes aussi est à éviter sur la période où les mouches sont présentes « pour limiter les risques de sinusite », conseille le vétérinaire. Le respect des règles d’hygiène, pour limiter la population de mouches, et l’efficacité des moyens de lutte mis en place constituent une assurance pour prévenir des maladies citées plus haut.

Que faire contre les insecte ?

Outre l’existence connue des insecticides, il existe d’autres façons de venir à bout des insectes.
Car outre leur effet sur les mouches et autres insectes vecteurs de maladie, ils ont aussi un impact sur les insectes utiles tels que les abeilles ou encore les bousiers pour ne citer qu’eux. Par exemple, les coléoptères coprophages participent au régulation de population de mouches par la destruction de leur site larvaire que sont les bouses.
Aussi, le pâturage rotatif permet de contenir le nombre de mouches, car celui-ci perturbe le cycle de l’insecte qui ne trouve pas d’animal hôte au bon moment.
De plus, les mouches s’attaquent préférentiellement aux animaux chétifs ou malades. Donc des animaux bien nourris et en bonne santé sont moins sujets aux attaques de mouches.
Cependant, le climat joue bien évidemment un rôle primordial sur les cycles de reproduction des insectes.

D’un point de vue matériel, il existe les boucles auriculaires imprégnées d’insecticide (Cyperméthrine) qui ont une durée de 5 mois.
« Le produit fragilise le plastique qui libère progressivement la matière active. Il faut placer une boucle sur l’oreille de tous les animaux du troupeau car c’est le frottement des animaux les uns contre les autres qui assure la diffusion du produit sur les congénères ». Donc, une vache seule avec sa boucle d’insecticide n’a aucun effet. Le coût de ces boucles est d’environ 7€ par animal.
Certaines firmes d’alimentations bovine commercialisent également des seaux à lécher anti-mouches. Même si leur utilisation n’est pas radicale, certains s’avèrent efficace dans la diminution du nombre de mouches observées auprès des bovins qui lèchent le seau en question.

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