SANITAIRE

L’IBR, qu’en est-il?

28/05/2019

A l’heure ou je tape ces lignes, beaucoup d’inquiétude gagnent les éleveurs concernant l’IBR, qui revient sur le devant de la scène.
Grand tour d’horizon donc sur cette problématique faisant partie des meubles, puisque la lutte IBR a commencé en 2003.

Qu’est-ce que l’IBR ?

L’IBR, qui signifie “Infectious Bovine Rhinotracheitis”, est une maladie virale atteignant exclusivement les bovins et se manifestant par des symptômes respiratoires et/ou des troubles de la fertilité.

Un bovin infecté par l’IBR le reste à vie. Un animal gE positif à la prise de sang signifie qu’il est infecté par la source sauvage du virus.

Un animal séronégatif ne présente pas d’infection détectable au moment de la prise de sang. Dans le cadre d’un achat, la deuxième prise de sang (28-50 jours après l’achat) est dès lors indispensable compte tenu de la possible infection pouvant se réaliser durant le transport OU juste avant le départ du bovin du troupeau d’origine.

Sur les jeunes animaux (< 9 mois), les anticorps colostraux sont détectables si les animaux ont bu le colostrum d’une mère infectée. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’une infection mais simplement du transfert de l’immunité colostrale de la mère au veau. Cependant, en matière de lutte IBR, il n’est pas possible de distinguer les animaux sous immunité colostrale des animaux infectés.

Modes de contamination

La principale voie de transmission du BoHV-1 est le contact nasal direct. Toutefois, une transmission aéroportée sur de courtes distances est décrite.

Lorsqu’un animal est infecté, il passe par une phase de virémie et excrète de grosses quantités de virus durant plusieurs jours. Il entre ensuite dans une phase de latence et le virus s’installe dans les ganglions durant toute la vie de l’animal. Seules des périodes de stress réactive le virus et les excrétions de l’animal.

Le taureau peut également transmettre la maladie par voie vénérienne.
En effet, la muqueuse génitale est une des portes d’entrée du virus. Cependant, le virus tue l’embryon assez rapidement de telle manière qu’il n’y a normalement pas de naissances d’animaux infectés in utero.
Aussi, certains dires assurent que le virus résiste à l’azote liquide et peut donc se transmettre via l’insémination artificielle.

Source image : ihc2015.info

Introduction d’un animal infecté au sein d’un troupeau

Si l’animal a été isolé dans un box sans contact direct possible, le risque est faible car le virus survit peu de temps dans l’environnement et a besoin de mucus frais pour survivre.
Si l’animal a été introduit dans le troupeau alors qu’il était infecté, il y a deux modes de transmissions :
transmission directe : l’IBR étant une malade très contagieuse, si l’animal introduit était en cours d’excrétion, la maladie va se transmettre rapidement d’un animal à l’autre par contact direct.
transmission indirecte : le risque est faible mais pas nul. L’utilisation du même matériel de contention (pince, mouchette, corde,…) permet la transmission du virus sans contact mufle à mufle.

La vaccination n’empêche pas l’infection mais elle réduit l’excrétion et les signes clinique qui sont : infection des voies respiratoires supérieures et des organes génitaux accompagnés de fièvre, dépression, manque d’appétit, avortements et lactation réduite.

A savoir que l’introduction d’un animal infecté dans un troupeau fait perdre le statut IBR de l’élevage si l’animal n’a pas été isolé (pour les statuts I3 et I4); pour les élévages possédant un statut I2, l’individu peut mettre à mal des années de vaccination. Ainsi, la perte de statut liée aux achats représentent 70% des pertes de statut total.

Dernières actualités de l’ARSIA

Selon le dernier communiqué de l’Arsia du mois d’avril 2019, “ce programme porte ses fruits car la situation évolue favorablement dans notre pays, avec près de 85 % de troupeaux indemnes à ce jour. Si le rythme d’assainissement actuel se maintient, la quasi totalité des cheptels wallons devraient être qualifiés indemnes pour 2021/2022. Nous approchons lentement mais sûrement de la récolte que l’ARSIA a vaillamment semé avec les éleveurs et vétérinaires, depuis 2003.

Les derniers chiffrés livrés par l’ARSIA concernant les statuts sont les suivants :

  • Statut I4 : 702 troupeaux
  • Statut I3 : 7097 troupeaux
  • Statut I2 en passe de devenir I3 : 1093 troupeaux
  • Statut I2 : 481 troupeaux
  • Statut I1 : 88 troupeaux

Il semblerait que le moyen de contamination le plus répandu soit les transports où des animaux sein sont en contact avec des animaux contaminés.
La prudence est donc de mise lors des achats et conditions de transports. L’animal reste à la merci dans un possible co-voiturage avec un bovin excréteur.

S’il est vrai que la menace du retour de l’IBR plane dans nos campagnes, ne cédons pas à la panique! Le risque n’est pas plus élevé qu’avant! Le nombre de troupeaux ayant perdu leur statut reste stable avec 35 pertes en 2018, soit 5 troupeaux sur 1000. Une étude est d’ailleurs réalisée dans les troupeaux réinfectés afin d’identifier les causes pour remédier à cette situation.

Quid de l’IBR dans la LSA ?

Un vent s’est levé lorsque la Loi de Santé Animale (LSA) européenne a rebattu les cartes, dans l’objectif de rassembler règlements, directives et autres décisions dans un seul et même jeu dont il faudra, à terme rapproché, suivre les règles. Et soit dit en passant, la gamme est étendue, allant de la traçabilité animale à la génétique commerciale (doses pour insémination, embryons,… ) en passant dans la foulée par les plans de lutte obligatoires, facultatifs approuvés, … dont précisément la lutte IBR et BVD. Pour cette dernière l’échéance est annoncée : 20 avril 2021. Deux ans… il reste deux ans à chaque Etat Membre pour revoir et adapter ses propres règles.

Seul subsistera le statut “indemne IBR” qui, pour être acquis, devra correspondre à “aucun cas clinique au cours des deux années précédentes” et “aucun animal présent ne doit avoir été vacciné au cours des deux années précédentes“.
Le statut indemne pourra être acquis sur base d’un bilan complet sur tous les animaux ou de deux bilans sur les animaux âgés de plus d’un an, réalisés à maximum douze mois d’intervalles, avec pour résultat final 100% d’animaux négatifs.

Le contrôle des achats sera réalisé dès le premier bilan, comme c’est déjà le cas actuellement en Belgique avec une seule prise de sang si le bovin provient d’une zone indemne et si pas, une quarantaine de 30 jours et une seconde prise de sang après 21 jours.
Le maintient du statut indemne imposera qu’il n’y ait eu aucun cas clinique, aucune vaccination et que tous les achats aient été testés.

Plusieurs système de dépistage doivent être mis en oeuvre

  • un bilan annuel sur le sang de tous les animaux de plus de 2 ans
  • sur 3 laits de tank
  • le sondage type photo, accepté uniquement après la 3ème année de maintien.

Il faudra compter le double du nombre actuel d’animaux à prélever dans les maintiens voire plus, selon ce qui sera décidé en définitve.

Pour qu’un pays acquiert le statut indemne d’IBR, outre la vaccination interdite sur le territoire :
– 99,8% des troupeaux indemnes
– 99,9% des animaux indemnes
A partir de ces seuils, l’adaptation des modalités du maintien reste à libre à chaque pays, pour autant que le système de monitoring annuel soit capable de détecter une infection dans minimum 0,2% des troupeaux ou 0,1% des bovins.

Source image : laitetelevage.be

Quel est l’avenir belge de la lutte IBR ?

La réunion du 2 avril dernier avec Jean-Yves Houtain, Dr du département Epidémiologie et Encadrement sanitaire à l’ARSIA, des vétérinaires et des éleveurs donne comme conclusion que l’obtention du statut indemne IBR le plus rapidement possible est nécessaire et donc il faut accélérer l’assainissement des troupeaux I2.

Par assainissement , on entend :

  1. La mise en prairie des bovins I2 se fera soit par autorisation de mise en pâture sauf pour les animaux infectés (gE+), soit par autorisation pour l’ensemble du cheptel (animaux gE+ inclus) si la prairie est correctement isolée et tout contact direct est écarté.
  2. Tout bovin I2 serait interdit aux marchés, avec l’impact que cela aura sur le commerce, mais l’intérêt est de réduire les contaminations liées aux transports et les risques liés aux achats.
    Cependant,interdire l’accès aux marchés des bovins I2 serait insuffisant : la contamination dans les camions liées la présence de ces bovins est réelle.
  3. Un délai pour l’assainissement des troupeaux I2 (en les envoyant à l’abattoir ou à l’engraissement) sera mis en place, même si le plus tôt sera le mieux.
    L’inconvénient porte sur l’avenir des exploitations I2 comportant un nombre élévé de gE+ et des cheptels indemnes recontaminés.
  4. La “photo” pour les troupeaux I3 et I4 sera maintenue. S’il y a acquisition d’un bovin gE+ à la première prise de sang (même mis en quarantaine) ou si détection de la vente d’un bovin gE+, un bilan complet du cheptel sera demandé, avec perte du statut indemne.
  5. Prévenir les voisins s’il y en a du maintien positif ou de la perte de statut suite à un achat pour éviter l’infection de son élevage si contact direct. Reste l’inconvénient d’une éventuelle stigmatisation du troupeau infecté.
  6. Concernant les derniers troupeaux I2, ils seraient concernés par un abattage par ordre sur tous les bovins à une date X (15 mois avant l’obtention du statut belge indemne) avec indemnisation pour ceux qui ne sont pas parvenus à assainir ou arrivant trop tard pour faire les bilans vers le statut I3.

RAPPEL

La vaccination IBR n’est pas un outil de protection! C’est un outil de lutte! Dans un cheptel infecté, elle permet de neutraliser les porteurs afin d’éviter la réinfection de la jeunes génération. S’il se trouve en présence d’un bovin excréteur du virus, un congénère même hyper vacciné et donc immunisé, va devenir porteur du virus!
C’est pour cette raison que la vaccination ne sera plus autorisée. Seule la biosécurité prévaut à tous les niveaux!

Qu’adviendra-t-il des troupeaux indemnes recontaminés ?

Il sera imposé d’avoir maximum 0,2% de cheptels “non indemnes”, soit maximum 48 statuts perdus, avec un maximum de 0,1% de bovins liés à des cheptels non indemnes (soit 2200 bovins). Il y aura donc nécessité de récupérer rapidement un statut indemne!
Malheureusement, le seul choix envisagé est l’abattage total, comme ce fut le cas pour la brucellose. Une indemnisation sera envisagée pour tout cheptel recontaminé. Quant au cas d’infection lié au transport, le principe de dématérialisation sera encouragé, la seule action empêchant le transport à risque (actuellement incontrôlable et non traçable).

L’ARSIA envisage de réunir à nouveau en automne les éléveurs et vétérinaires soucieux de la question afin de les informer des décisions qui auraient été prises par les autorités compétentes.

Source : www.arsia.be

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