SANTE ANIMALE

Santé animale | Carences en minéraux chez les bovins ?

05/04/2020

Source : Wallonie Elevages – édition novembre 2005

La nutrition minérale des bovins est un sujet d’actualité permanent. Voici la synthèse d’un exposé du Prof Rollin (Département des Sciences Cliniques, Clinique des ruminants et porcs de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Liège) publié dans le Wallonie Elevages de novembre 2005. Pour le Prof. Rollin, une série de pathologies observées dans les troupeaux de bovins peut s’expliquer en tout ou en partie par des situations de carences chroniques en oligo-éléments.

Des problèmes de carences croissants

Avant de s’intéresser aux problèmes des carences en oligo-éléments, il faut d’abord veiller à établir des rations qui répondent aux besoins des animaux en terme d’énergie, de protéine et de structure, a d’abord rappelé le Dr Rollin.
Une série d’indicateurs témoigne toutefois de problèmes croissants liés à des carences en oligo-éléments. Le Dr Rollin appuie entre autres ses dires sur le suivi d’une centaine d’exploitations laitières et viandeuses belges qui présentaient une série de troubles multifactoriels de natures diverses: mammites, boiteries, infertilité, infécondité, problèmes associés au vêlage (fièvre de lait, acétonémie, déplacement de caillette, rétention d’arrière-faix). En race Blanc-Bleu, cette situation se traduisait surtout par des problèmes de diarrhée des veaux, de broncho-pneumonie ou maladies parasitaires de la peau (gale, teigne, verrues). Ces problèmes s’expliqueraient par une fragilisation des animaux suite à des situations de carences. Des carences multiples ont été observées dans près de 90% des troupeaux. 10% des troupeaux présentaient au moins une carence. Les carences en Zinc, Cuivre et Sélénium ont été observées dans 3 fermes sur quatre, et plus particulièrement dans les troupeaux viandeux. Pour le Dr Rollin, cette situation résulte de l’augmentation des besoins d’animaux de plus en plus performants et de la diminution des apports. Outre le manque d’intérêt accordé aux apports en minéraux, cette situation s’explique aussi par l’appauvrissement des sols suite à la modification des pratiques culturales. Ces carences finissent par se retrouver dans toute la chaîne alimentaire (plante, animal, produits animaux) et donc finalement chez l’homme. Les carences en Sélénium et en Iode sont d’ailleurs fréquemment établies dans la population humaine.

Jouer le préventif

Pour le Dr Rollin, travailler en préventif et de manière collective (sur l’ensemble du troupeau) en fournissant une alimentation équilibrée reste la formule recommandée. La gestation est une période particulièrement propice au renouvellement des réserves de l’animal. Cette période permet de prévenir les carences du veau nourri au lait (surtout dans le cas du veau au pis).

En cas de problèmes, un diagnostic précis doit permettre d’établir le type de correction à apporter, éventuellement en la formulant sur mesure pour l’exploitation. Ce diagnostic peut être basé sur des analyses des sols, des fourrages, de lait, de sang, d’urine, ou de tissus (autopsie) ou sur l’expression de signes cliniques (voir tableau). Il doit être établi en tenant compte du niveau de production et de la capacité d’ingestion des animaux, du type de ration distribuée (un bon fonctionnement du rumen est lié à la nature des apports énergétiques) et d’éventuels antagonismes (une teneur trop élevée en certains oligoéléments empêche l’absorption d’autres), ainsi que de la bio-disponibilité des oligo-éléments fournis.

La voie orale recommandée

Pour le Dr Rollin, les apports par voie parentérale (injection) peuvent être envisagés pour solutionner des problèmes ponctuels, mais ne doivent pas être envisagés s’ils sont chroniques. Les apports sont alors toujours recommandés par voie orale.
Les bolus ne sont pas sans intérêt, mais la gamme d’oligo-éléments couverte est souvent moins complète.
Au niveau des sols, corriger la fumure à l’aide d’engrais enrichis en oligo-éléments permet de prendre le problème à la base (carence vraie). Il faut toutefois tenir compte que la bio-disponibilité est influencée par les conditions du milieu (pH, matière organique, texture du sol, conditions climatiques,…). On parle alors de carences induites.

La large gamme de produits proposés permet d’adapter le traitement aux différents types de carences.Vu les seuils de toxicité et les antagonismes, il convient toutefois de réaliser un bon dosage et une répartition homogène en cas de mélange. Si l’on opte pour des seaux à lécher en prairie, il convient de les répartir en suffisance sur toute la superficie, de manière à éviter la monopolisation par les animaux dominants, explique le Dr Rollin.

Conclusion

Pour le Prot Rollin, les situations de carences sont de plus en plus fréquentes suite à l’évolution des pratiques culturales. Elles s’expriment L’apport d’engrais organiques (les lisiers de porcs et de volailles sont riches en Cuivre et en Zinc), d’engrais enrichis, l’utilisation de chaux, de magmésie, de scories (malheureusement plus disponibles sur le marché) sont recommandés. Ils offrent toutefois moins de garanties au niveau du dosage.
L’apport d’oligo-éléments par la fertilisation permet de rééquilibrer rapidement les fourrages. La réponse est particulièrement efficace en céréales et en herbage.
Néanmoins, un apport répété au cours de la saison est souvent nécessaire (exemple du Sélénium). Les monocultures (maïs, ryagrass) prédisposent aux carences. La présence de légumineuses dans les mélanges de graminées est souvent recommandée.

La correction peut aussi passer par une supplémentation du silo, ou l’ajout d’un CMV à l’ensilage. surtout chez les animaux à haut niveau de production. Leur correction passe par un diagnostic précis posé préalablement par un spécialiste. L’éleveur peut alors agir sur le sol, la plante ou l’animal. Vu les limites assez sévères des dosages autorisés pour certains oligo-éléments dans les CVM en Belgique, la solution passe souvent par une combinaison de ces différentes approches.
Le coût d’une couverture complète en oligo-éléments est estimée à plus ou moins 25 € par animal et par an. Un investissement très rentable lorsque l’on prend en compte son effet sur la santé animale, sur le niveau de production et sur le temps à consacrer au suivi du troupeau.

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