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La vérité sur la race Blanc Bleu Belge et sa musculature

22/04/2020

Il est vrai que beaucoup de questions fusionnent un peu partout concernant la véracité et le naturel de la race de bovins Blanc Bleu Belge. Dans l’inconnu, nombreuses sont les personnes qui se lancent dans des suppositions infondées pour expliquer la musculature proéminente de ces ruminants : stupéfiants, hormones, … Pour information, les hormones sont interdites en Europe depuis 1996.
Alors d’où vient cette musculature proéminente me direz-vous? Installez-vous confortablement (la sélection prend du temps) et informez-vous sur la longue sélection génétique qui a permis aux animaux actuels d’être ce qu’ils sont.
Pour ceux qui n’ont pas la patience de lire l’article dans son intégralité, une vidéo explicative et relativement courte se trouve à la fin de l’article.

Il faut remonter au début du XXème siècle pour assister aux premières initiatives de sélection tendant à faire émerger un type mixte à partir d’une population assez hétérogène de bovins du type laitier ayant reçu, au cours de la seconde moitié du XIX ème siècle, des échanges de génétique Shortorn, race très en vogue à cette époque.

Source : bbgcrossing

Lorsqu’éclata la Première Guerre mondiale, tout fut remis en question. Il fallut attendre l’année 1919 pour qu’une véritable charte de la sélection bovine soit promulguée par les Pouvoirs Publics.

Le travail de sélection reprit alors, l’objectif était clair: un bétail «à deux fins», rectangulaire, chez lequel se trouvent réunis un bon format, une musculature moyenne et une bonne production laitière (4.000 litres à 3.5%). Ce cap fut fermement maintenu jusqu’en 1950.

En 1945, le cheptel bovin est réduit à 80-85% des effectifs d’avant guerre. L’optique de la sélection est de poursuivre le travail qui a été entamé dans l’entre-deux guerre. Elle vise à constituer dans les différentes races, des noyaux de bêtes d’élite de race pure, de type mixte et à répandre leurs qualités dans la masse. Toute cette période est marquée par de profondes divergences de vue entre le monde des éleveurs sélectionneurs et celui des détenteurs de bovins. Alors que les premiers souhaitent que le Ministère impose une réglementation très stricte, les seconds perçoivent celle-ci comme un dirigisme inacceptable.

Les animaux primés au concours du boeuf gras, où dès l’après-guerre on témoigne d’un vif intérêt pour la viande tendre et maigre, vont au fil des années se rapprocher du type cul de poulain. Cette évolution reflète la demande de la boucherie. Certains sélectionneurs “réfractaires” aspirent à répondre à cette demande alors que dans les milieux officiels, les problèmes rencontrés lors de certains vêlages sont décriés et les défauts de prise en charge du cul de poulain en élevage et en engraissement mis en évidence. Ceci explique le succès momentané rencontré à cette époque par le Charolais dont le caractère viandeux était plus affirmé qu’actuellement.
Néanmoins, la position est légèrement adoucie et on estime que la mise en place de l’Europe incite à produire un “deux fins” au caractère viandeux plus marqué.
Le Professeur Terrache fut le premier à prôner envers et contre tout le “franc tourné” dans toute la Belgique. La page paysanne de la Libre Belgique relayait son point de vue, ce qui suscitait une levée de bouclier des fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture. D’autres, comme Mr Marcourt, prirent le relais par la suite. On trouvait dans chaque province quelques éleveurs “rebelles” qui passaient outre des directives. A Liège, ce sera Achille Cassart dès le début des années 50.

L’Exposition Universelle de Bruxelles a permis à l’Europe entière d’apprécier la qualité du cheptel belge. Le contexte est favorable à une sélection qui voit son travail se concrétiser. Le bétail de la Moyenne et Haute Belgique, malgré la grande hétérogénéité liée à son origine et à sa localisation, se construit. Elle progresse en musculature et en aplombs. Un type mixte se dégage. La mise en place des bases de la sélection va donner ses premiers résultats. On a suivi les performances à l’engraissement et à l’abattage des différentes races belges. L’analyse des mensurations va permettre la définition de standards. 

Le Ministère soutient la race mixte dont la traite garantit un revenu important régulier aux petites exploitations familiales présentes en grand nombre dans des régions comme le Hainaut, le Brabant et le Limbourg.
Pourtant, dans les années 60, pour beaucoup de petits exploitants, mettre au monde de temps à autre un veau culard permettait “de mettre du beurre dans les épinards”. Ils ont fini par engraisser ces veaux qui ont été adoptés puis de plus en plus recherchés par la boucherie. La pratique dépassait ainsi la théorie.

La période 1950-1960 sera donc une période de transition où apparaissent déjà les signes annonciateurs d’une nouvelle orientation.
Chez les taureaux tout d’abord, chez les femelles ensuite, une nette préférence est accordée au développement de la musculature. La réponse à cette sélection est remarquable. Un nouveau type apparaît, alliant un développement important de la musculature (épaule, garrot, dos, lombes, arrière-main), un grand format, une ossature fine mais solide, une belle harmonie des lignes avec côtes rondes, croupe inclinée, hanches cachées, queue détachée.
Viens également durant cette période l’émergence de l’insémination artificielle. Cette dernière sera utilisée pour venir à bout des problèmes sanitaires de l’époque (maladies vénériennes). Le contexte de compétitivité internationale incite à améliorer son statut sanitaire. De ce fait, l’insémination artificielle sera de plus en plus utilisée et jouera un rôle capital dans l’évolution des races.

En 1954, Watson et Crick publient la structure de l’ADN, ouvrant une nouvelle ère en biologie. Le Professeur Roger
Hanset se plonge alors dans l’étude de la génétique de façon totalement autodidacte. Encouragé par le Professeur Derivaux, il applique le fruit de ses études à ce qui est alors un problème majeur en race de Moyenne et Haute Belgique : la maladie des génisses blanches, affectant 5 à 10% du cheptel. En résulte une thèse d’agrégation de l’enseignement supérieur, témoin de la remarquable rigueur scientifique qui caractérisera la démarche de Roger Hanset tout au long de sa carrière, et qui établira les fondations d’une stratégie de sélection qui permettra la quasi élimination de cette tare.
Le Professeur Hanset s’attelle ensuite à ce qui deviendra son sujet fétiche : le caractère culard des bovins. Avec l’appui de l’IRSIA, il crée le Centre de Recherches sur l’Hypertrophie Musculaire d’Origine Génétique. Par
étude de ségrégation, il démontre avec Charles Michaux l’intervention d’un gène majeur qu’il baptise mh (muscular hypertrophy). Sur base de ces résultats, ainsi que de découvertes récentes sur la mutation Hal du porc de Piétrain, il fait une présentation très remarquée au World Congres of Genetics Applied to Livestock Production en 1983 à Madrid sur l’importance de gènes majeurs à une époque où le dogme qui prévaut en sélection animale est le modèle infinitésimal.
Avec son admiration sans bornes pour le génie intuitif des éleveurs, il est reconnu par eux comme l’architecte du Blanc Bleu Belge moderne et de la notoriété internationale acquise par cette race hors du commun.
Source : bbgcrossing

En 1973, cette race jusqu’alors appelée race de Moyenne et Haute Belgique bénéficie d’un nouveau nom: le Blanc-Bleu Belge; elle est scindée en deux rameaux distincts: le BBB viandeux et le BBB mixte.

RAMEAU MIXTE

Certains éleveurs ont continué à sélectionner des animaux alliant production laitière et viandeuse (dite type mixte). Cette sélection s’est déroulée parallèlement à celle du rameau viandeux, en utilisant des lignées de taureaux tout à fait différentes.
La Bleue du Nord, à orientation nettement mixte, appartient au même groupe de population et se rencontre dans la région de Maubeuge en France. Depuis l’instauration, en 1999, des mesures agri-environnementales visant à protéger les espèces menacées de disparition, on constate un regain d’intérêt pour ce rameau mixte.
En 2005, on recensait +/- 150 éleveurs de BBB mixte. Ils sont surtout actifs dans les provinces de Hainaut et Brabant.
Au sein même de ce rameau, on distingue deux variantes selon le génotype:

  • gène mh/mh : ces animaux sont génétiquement identiques aux animaux du rameau viande. Ils ont toutefois subi une toute autre sélection basée notamment sur la production laitière. Leur production laitière varie entre 4200 et 4800 litres.
  • gène mh/+ ou +/+ : ces animaux, de tendance plus laitière, produisent en moyenne 5400 à 6000 litres de lait et ne présente donc aucune caractéristique viandeuse prononcée.

RAMEAU VIANDEUX

La sélection pour les animaux culards est intervenue en réponse aux conditions économiques et en particulier au marché de la viande très sensible aux différences de conformation; celles-ci reflétant la composition de la carcasse. La plus-value octroyée pour les animaux mieux conformés a encouragé les éleveurs à réaliser des accouplements entre les sujets les plus viandeux.

D’une race qui était mixte à l’origine, le BBB culard est devenu une véritable race à viande dont les atouts majeurs sont: le développement extraordinaire de la musculature, la qualité de sa viande (tendreté et pauvre en graisse), le format, la précocité, l’efficacité alimentaire, la docilité, l’uniformité et les aptitudes maternelles.

En conclusion, si vous pensiez découvrir un scoop, malheureusement pour vous il n’y a rien que de la science et la sélection de ce fameux gène mh dit “culard” par les éleveurs durant plus d’un demi-siècle.

2018 – Source : netbbg

Source utilisée : facmv.ulg.ac.be; Herd-Book Blanc Bleu Belge; Elevages Belges de 1997; bbgcrossing

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