REPORTAGES

Reportages | Quand la passion vous tient debout

17/10/2021

L’éleveur que je vous présente cette fois est originaire du Hainaut (il y vit toujours) et le présenter serait futile car il est connu d’un grand nombre d’éleveurs. L’élevage de Wayaux est tenu par Serge Lempereur et est basé à Wayaux. Il réalise 35 vélâges en blanc bleu. Il a rencontré de graves problèmes de santé il y a quelques années et l’on peut dire que sa passion pour le blanc bleu l’ont aidé à continuer malgré tout.

Peux-tu expliquer les origines de ton élevage?

Serge : « Mon papa avait des cochons, une vache rouge et deux blanc bleu inscrites. Je n’ai rien gardé de tout ça, j’ai tout vendu. Les cochons de Piétrain et les Blanc Bleu ont des qualités identiques pour moi. Jean Baligant, qui travaillait à la maison de l’éleveur à l’époque, m’avait demandé pourquoi je m’étais lancé dans le Blanc Bleu. Puis, quand il a vu les truies que nous possédions, il a tout de suite compris.
J’ai toujours été un féru de blanc bleu mais mon père n’était pas intéressé. A son départ en 1987, j’ai été acheté un taureau pour démarrer, Sarau de Champia, j’ai d’ailleurs acheté quelques bêtes à cet élévage.
Après j’ai acheté quelques femelles et je suis tombé sur Fatima de Hodoumont, d’où découle Gitane 1, Gitane 2, Jamaïcaine et plus récemment Amoureux.
Par la suite j’ai acheté beaucoup de femelles : Nitouche des Neuf Prés chez Dominique Goose, au concours foire de Neufchateau, qui a sorti Joie, Fortune et Olympia ; Pernie van het Boshoek, une Bourgogne d’Elsa, mère d’Anastasia de l’Ecluse ; Intuition du Coin et Kelly de Baillonville, la mère d’Aragon. »

Quelle est ton optique d’élevage?

Serge : « Ma devise est pas de pattes, pas de bêtes. Je suis pour la consanguinité car lorsque tu t’en écartes, tu sors des bons sangs et tu n’as plus rien. Depuis une quinzaine d’années, je fais têter. Je veux des tétards pour avoir des animaux d’élevages performants. D’ailleurs, je ne reprends rarement un taureau de saillie.
Je veux que mes femelles restent très féminines, qu’elle soient lookées. Une bête féminine et lookée reproduit toujours. Je fais aussi attention à la finesse. Quand tu utilises des fins taureaux, tu as rarement des problèmes d’aplombs, notamment dans les mâles lorsqu’ils sont lourds à la naissance.
Mon défaut dans ma ferme était la taille, je l’ai améliorée et je compte la garder mais j’aime la viande. Je veux aussi de la viande sur la côte et du bidou, cela évite de rencontrer certains problèmes.
J’ai toujours suivi mon idée dans l’élevage mais j’ai eu trois mentors : Wilfried Schotsmans, Jules Mailleux et Benoît Mahoux. Ce sont mes trois références dans l’élevage. Jules Mailleux était un grand connaisseur et commercialement, il était imbattable. A une époque, il a vendu des taureaux comme personne ne peux imaginer. C’était impossible de sortir de sa ferme sans avoir acheté un taureau.»

Comment fais-tu pour réaliser tes croisements ?

Serge : « Quand je choisis un taureau, il doit avoir de bons aplombs, un gros devant, de la finesse, une bonne attache de queue et qu’il ait un look. J’essaie de corriger le défaut de mes bêtes avec un taureau qui a l’excès dans l’autre sens. Par exemple, sur une femelle qui a un long jarret, je vais croiser avec un taureau correct ou même droit. Et le plus important est l’origine maternelle du taureau. 
Actuellement, j’utilise Aragon, Darko, Javon, Oasis, Ford, Futé et Dauphin. Je vais essayer Bazooka, Calin et Impoli ».

Quelle origine retrouve-t-on fréquemment dans ta vacherie ?

Serge : « Impérial, Panache et Légo. »

Qu’est-ce que tu penses des concours ?

Serge : « Je suis pro concours. Tu sais voir à quel niveau tu es et comment travailler dans ton élevage. Tu sais voir ce qui marche ou non, te comparer et te situer dans ta propre ferme.
Par contre, selon moi, le manque d’expérience de certains jurys est une catastrophe. Et certains jurys sont dépassés. Il faudrait mettre plus en évidence les éleveurs de pointe. Le jury doit être un éleveur qui va au concours et qui a des bonnes. Et les jeunes jurys doivent être formé par ces gens-là. »

Ton plus beau souvenir au concours ?

Serge : « J’en ai deux : le championnat à Libramont avec Davina et le championnat à Tournai avec Anastasia.»

Comment vois-tu le blanc bleu dans 15-20 ans?

Serge : « Je pense qu’il sera toujours là. Nous serons embêtés par la césarienne, c’est une certitude. C’est la race la plus viandeuse du monde et les éleveurs doivent être solidaires pour défendre la race auprès des personnes haut placées. Si nous ne sommes pas défendus par le dessus, je ne vois pas comment on va se battre. Mais la solidarité entre éleveurs est un problème et le Herd-Book doit nous porter vers l’avant. Il doit promotionner la viande et se rendre en force à des foires à l’étranger, comme le Royal Show en Angleterre. C’est un pays qui nous prend notre commerce en blanc bleu, nous devons concurrencer ça. Il y a tellement de visiteurs étrangers qui se rendent à cette foire, nous devrions être présent en force pour promotionner la race. Il faut toucher les pays où il y a de la demande. »

Quelque chose que tu regrettes ?

Serge : « Les concours de maigre, style bœuf gras, comme il y avait à Bertrix. Les gens amenaient des bêtes maigres, inscrites ou non, et la plus viandeuse gagnait. C’était un très beau concours. Ce genre de concours permettaient à tous type d’éleveur de se rencontrer. Il y avait des bêtes partout sur la place de Bertrix, cela avait un succès fou ! »

Ta définition d’un raceur/d’une raceuse ?

Serge : « Un raceur doit pouvoir faire des bonnes femelles, il ne faut pas oublier les taureaux mais ce sont avec les femelles qu’on avance. C’est un taureau qui sait laisser une ligne et si tu vas au concours, sans regarder ton catalogue, tu sais dire de quelle origine est la bête que tu regardes. 
Pour une raceuse, c’est une femelle qui reproduit peu importe le taureau avec lequel on la croise. »

Un taureau et une vache qui ont marqué ton élevage ?

Serge : « Lasso, et dans les vaches il y a eu Fatima et ses filles, Nitouche et Pernie. »

Un taureau et une vache qui ont marqué la race ?

Serge : « Brutal, Fausto, Lasso, Empire, Impérial, Panache et Grommit.  Dans les vaches, Poupette des Hayons, Egalée du Coin, Elsa, Ardente de Bois Borsu, Davina, Effigie et Superstar. »

Qualifier en un mot ton travail avec la génétique?

Serge : « Passion. »

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